SA PEINTURE

SA PEINTURE

Attaché à une certaine écriture cellulaire, ne lisez pas « carcérale », des choses ; René Saint Léonard utilise des sortes de globules semblables aux cellules épithéliales aperçues à travers l’objectif du microscope ; pour préciser ses rêves et donner libre cours à ses fantasmes.  Car ce qui frappe et qui retient dans l’art de cet « artiste savoyard des Alpes -Mancelles » c’est la façon presque candide dont il étend ses couleurs sur la toile.

Le monde se résume-t-il, pour l’hôte de l’Ollave, à un village serré contre son église et se découpant sur le ciel au milieu d’un environnement campagnard ?  La chose est possible. Ce qui est certain c’est la qualité de conteur propre à ce peintre doué d’une langue très particulière.

Nous avons parlé des sortes de bulles dont sont « bourrés » les formes du peintre. Disons qu’à côté de cette synthèse destinée à peupler l’étendue de la toile, il existe d’autres symboles caractéristiques privilégiés par l’artiste. Souvent en effet, une sorte de signe « crocheté » est appelé pour restituer l’image du couple ou du moins affirmer sa présence.

Ce qu’il y a de plus sympathique dans l’approche des choses rêvées par Saint Léonard, c’est la façon dont il enrichit nos pauvres objets quotidiens, allant jusqu’à donner aux sonorités de l’Angélus, une présence matérielle ; dans sa composition singulière consacrée au tableau intitulé « L’Annonce du Printemps ».

Vivant certainement loin de la ville, René Saint Léonard a pu trouver des signes synthétiques capables d’enrichir notre perception des phénomènes.

Le champ n’est pas limité aux sillons tracés par le tracteur. Il « moutonne », comme l’océan. Il coule semblable au fleuve. Il restitue l’existence de son être le plus secret.

Dans toutes les peintures de Saint Léonard on retrouve une même appréhension synthétique des choses et en même temps on découvre un rire joyeux, une appropriation des phénomènes, loin de toute nostalgie symbolique. Peut-être, l’artiste, sans se référer à la Peinture Objective USA, désire-t-il résumer son art à ce qu’il est, c’est-à-dire à ses formes et à ses couleurs. A ses perceptions immédiates.

Critiques René Déroudille